Avec pour objectif de départ de dresser une généalogie de la logique et des actes de jugement en les reconduisant à leurs sources originaires dans l'expérience perceptive des objets, Husserl se voit amené à une clarification des effectuations préalables sur lesquelles repose l’expérience perceptive elle-même. Cette dernière s'avère ainsi être à son tour le produit d'un ensemble de synthèses que - dans la dernière période de son œuvre - Husserl ne considère plus comme des opérations appartenant à un cogito vide mais comme un "royaume des phénomènes anonymes" qui sont essentiellement intersubjectifs et revêtent également une dimension historique. L’analyse husserlienne de la genèse de l'expérience a mis en lumière des dimensions souterraines de l'expérience, qui s’articulent non seulement autour des phénomènes - aujourd’hui emblématiques de la phénoménologie - tels que la temporalité, l'affectivité ou la chair, mais aussi à travers des processus passifs de typification et d'habituation. Ces derniers permettent de comprendre comment différentes manifestations du sens qui structure notre rapport au monde émergent de cette sphère passive, qu'il s'agisse du sens des objets de perception, de celui de notre identité personnelle ou de celui de la philosophie elle-même. Les notions de “type” et de “habitus” ouvrent également la possibilité de rendre compte phénoménologiquement de ce que Husserl appelle la Urstiftung - “l’institution” ou la “création première" - de ces différentes unités de sens ainsi que de leurs transformations possibles. Dans le cadre de cette intervention, nous nous proposons d’aborder cette thématique qui reçoit aujourd'hui de plus en plus d'attention et se présente comme un point d'intersection privilégié entre la phénoménologie et des approches philosophiques critiques ou sociologiques.
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- Isabella Tarricone
- Nov. 7, 2024, 12:05 p.m.
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