SEMINAIRE DELICORTAL
SEANCE DU 28 AVRIL 2022 : 13H30 – 16H30
PROGRAMME
13H30 : Monique De Mattia-Viviès (AMU-LERMA).
La langue étrangère est-elle si étrangère ?
15H30 : Małgorzata Niziołek (Université Pédagogique de Cracovie).
Description de quelques procédés linguistiques de l’ironie, par le biais des tweets sur les transports en commun en français et en polonais
RESUMES
« La langue étrangère est-elle si étrangère ? »
Cette intervention développe une première étude publiée en 2018 (« Entrer dans la langue ou dans les langues : de la langue maternelle à la langue « mat-rangère » », E-rea, 16.1 | 2018. https://journals.openedition.org/erea/6502) et traduite en anglais dans un ouvrage à paraître en mai 2022, Language Learning and the Mother Tongue: Multidisciplinary Perspectives, Sara Greaves & Monique De Mattia-Viviès (eds), Cambridge University Press.
Elle porte sur l’acquisition des sons d’une langue étrangère en relation avec la langue maternelle. Plus précisément il s’agit de comprendre pourquoi, dans une optique psychosociologique et en se fondant notamment sur les travaux du psychiatre et psychanalyste britannique John Bowlby (1969), ainsi que sur une expérience de trois années, menée au Centre d’Action Médico-Sociale Précoce (CAMSP) de l’hôpital Salvator à Marseille, où sont accueillis des enfants souffrant de retards de langage, certains étudiants, parfois brillants, qui entrent dans la grammaire et le lexique de l’anglais sans blocage particulier, ne peuvent s’approprier les sons de l’anglais quoi qu’ils fassent (séjours à l’étranger, exposition intensive à la langue, pratique régulière, exercices), ce qui diminue leurs chances de pouvoir enseigner cette langue lorsqu’ils en ont le projet. Le cas extrême envisagé permet également d’éclairer d’autres situations plus traditionnelles, et notamment la persistance d’un accent étranger dès lors que la langue étrangère a été apprise en contexte scolaire après l’âge de 10 ans, et non en immersion totale. Il s’agit également d’explorer certaines dimensions plus en profondeur : comment expliquer l’attrait ou la résistance à la langue étrangère ? Cet attrait produit-il toujours des effets positifs ? Est-il toujours à la hauteur d’une attente ? Et quelle est cette attente ?
Inversement que pourrait-on modifier, en contexte scolaire ou universitaire, pour diminuer les éventuelles résistances, voire les blocages générés par la langue étrangère ?
L’hypothèse fondatrice de cette recherche est que l’apprentissage de la langue étrangère vers 11 ans (même s’il y a très souvent des prises de contact plus précoces à l’heure actuelle) réactive les étapes de l’apprentissage de la langue maternelle, apprentissage qui, lorsque tout fonctionne bien pour l’enfant, peut être exaltant, car l’enfant qui commence à parler est généralement très valorisé, même si cette entrée dans le langage articulé repose sur une expérience première de séparation (le passage délicat du stade préverbal au langage articulé).
La langue étrangère, qui est une langue sans stade préverbal, sans corps (car non transmise, au tout début de la vie, par la mère (ou son substitut)), hors matrie dans les termes de Michel Foucault ([2001] 2009), rejoue la séparation dans ces différentes étapes tout en renvoyant sans cesse, en séparant, à cette langue d’origine, à cet in matrie initial. La langue étrangère renverrait à cette dialectique de la séparation et du lien, tout comme l’enfant se sépare pour commencer à parler tout en maintenant le lien. Dans les termes de Ralph Greenson ([1950] 1978, 41-2), « speech is a means of retaining the connection with the mother as well as of becoming separated from her. »
En d’autres termes, en réactivant les phases de la langue maternelle, la langue étrangère parlerait du lien. Du lien à l’entourage, du lien au primary caregiver (statistiquement la mère ou le père ou leurs substituts) et du lien à la langue maternelle. Ce qui confère à l’enseignement de la langue étrangère un statut particulier par rapport aux autres disciplines, où l’évaluation peut prendre un sens particulier, ce qui nécessite de s’interroger sur la façon dont la langue maternelle peut être affectée indirectement lorsqu’on évalue la langue étrangère, et notamment lorsqu’on en évalue la prononciation.
« Description de quelques procédés linguistiques de l’ironie, par le biais des tweets sur les transports en commun en français et en polonais »
L’objectif de cette intervention est de décrire quelques procédés linguistiques français /polonais de l’ironie et d’exposer les différents problèmes liés à son extraction. Pour cela, nous nous appuierons sur les tweets français et polonais qui ont pour sujet les transports en commun. Tout ce travail s’inscrit dans le cadre d’un vaste projet qui a débuté en 2018.
Tags: - analyse corpus de discours enseignement etrangere langue linguistique maternelle tal
Infos
- Samia Ounoughi
-
- Agnes Tutin
- May 6, 2022, 11:04 a.m.
- Conferences
- French
Comment(s)