Recherche
Laboratoires.Ecoles, Collège et Formation doctorales
Stratégie. Séminaires, colloques. Sciences et société
Réseaux et pôles d'excellence. Investissements d'avenir (Labex)
Couronne royale
Les occupations militaires ont toujours un coût important, à la fois pour les provinces occupées et pour les troupes étrangères elles-mêmes. Coûts humains bien sûr : victimes des combats et des escarmouches (même s’il y eut moins d’accrochages en Savoie que durant l’occupation précédente de 1690-1696), victimes aussi, civiles ou militaires, des épidémies suscitées par une masse de soldats traînant dans leurs bagages les germes de maladies en tous genres. On peut présupposer également l’existence d’un manque à naître, quoique difficile à estimer précisément. A l’inverse, l’afflux de jeunes hommes n’est pas sans conséquences démographiques : dans certaines vallées on enregistre ainsi un nombre non négligeable de mariages avec les soldats. Les coûts matériels paraissent bien entendu les plus évidents, avec la nécessité de nourrir les hommes et les chevaux, mais aussi de trouver les hébergements, les fournitures nécessaires au couchage et à l’éclairage, le bois pour le chauffage etc. La fiscalité s’accroît (tailles et subsides extraordinaires) : les Français collectent, au total, plus du double de la fiscalité habituelle, ainsi que le montrent les archives de la province, même si celles-ci sont moins nombreuses que pour l’occupation espagnole ultérieure de 1742-1749. Le coût économique général s’avère plus difficile à estimer : une occupation durable perturbe forcément les activités agricoles, artisanales ou commerciales habituelles. Elle modifie le niveau de consommation des habitants, l’approvisionnement des marchés, tandis que les réquisitions détournent certains flux. Pour autant, une occupation de cette ampleur et de cette durée ne s’inscrit jamais totalement en débit : les troupes dépensent sur place leur solde, les espèces métalliques circulent plus abondamment que de coutume. Les soldats représentent une masse de consommateurs, un marché intéressant pour certains marchands. Les autorités militaires règlent une partie des fournitures réclamées (les Savoyards ne manqueront pas, d’ailleurs, de faire remarquer aux Espagnols que les Français payaient davantage de choses qu’eux !) Des munitionnaires, français ou savoyards, mettent en place des circuits de collectes de céréales, de vin, de bétail, de bêtes de somme. De grosses sommes circulent, des contrats sont signés, même s’il est très malaisé de les apercevoir. Ils ne faut pas oublier que des traitants, comme les célèbres frères Pâris, originaires de Moirans en Dauphiné, ont bâti leur fortune à partir de la compagnie des vivres de Savoie, Piémont (mais aussi Catalogne et Roussillon) durant les guerres de la Ligue d’Augsbourg puis de la Succession d’Espagne. Coût politique enfin : tandis que des administrateurs ou des notables s’exilent, d’autres restent sur place et devront assumer par la suite leur choix ou leurs prestations de serment. Il paraît difficile également d’apprécier la manière dont les populations ont vécu ce nouveau détachement de l’autorité ducale et ce rapprochement temporaire avec le royaume de France : cette occupation a-t-elle préparé les esprits, marqué la conscience collective, bref servi de jalon dans cette marche vers le rattachement qu’une certaine historiographie locale a toujours présenté comme inéluctable ? Lancinante question… Les occupations militaires ont toujours un coût important, à la fois pour les provinces occupées et pour les troupes étrangères elles-mêmes. Coûts humains bien sûr : victimes des combats et des escarmouches (même s’il y eut moins d’accrochages en Savoie que durant l’occupation précédente de 1690-1696), victimes aussi, civiles ou militaires, des épidémies suscitées par une masse de soldats traînant dans leurs bagages les germes de maladies en tous genres. On peut présupposer également l’existence d’un manque à naître, quoique difficile à estimer précisément. A l’inverse, l’afflux de jeunes hommes n’est pas sans conséquences démographiques : dans certaines vallées on enregistre ainsi un nombre non négligeable de mariages avec les soldats. Les coûts matériels paraissent bien entendu les plus évidents, avec la nécessité de nourrir les hommes et les chevaux, mais aussi de trouver les hébergements, les fournitures nécessaires au couchage et à l’éclairage, le bois pour le chauffage etc. La fiscalité s’accroît (tailles et subsides extraordinaires) : les Français collectent, au total, plus du double de la fiscalité habituelle, ainsi que le montrent les archives de la province, même si celles-ci sont moins nombreuses que pour l’occupation espagnole ultérieure de 1742-1749. Le coût économique général s’avère plus difficile à estimer : une occupation durable perturbe forcément les activités agricoles, artisanales ou commerciales habituelles. Elle modifie le niveau de consommation des habitants, l’approvisionnement des marchés, tandis que les réquisitions détournent certains flux. Pour autant, une occupation de cette ampleur et de cette durée ne s’inscrit jamais totalement en débit : les troupes dépensent sur place leur solde, les espèces métalliques circulent plus abondamment que de coutume. Les soldats représentent une masse de consommateurs, un marché intéressant pour certains marchands. Les autorités militaires règlent une partie des fournitures réclamées (les Savoyards ne manqueront pas, d’ailleurs, de faire remarquer aux Espagnols que les Français payaient davantage de choses qu’eux !) Des munitionnaires, français ou savoyards, mettent en place des circuits de collectes de céréales, de vin, de bétail, de bêtes de somme. De grosses sommes circulent, des contrats sont signés, même s’il est très malaisé de les apercevoir. Ils ne faut pas oublier que des traitants, comme les célèbres frères Pâris, originaires de Moirans en Dauphiné, ont bâti leur fortune à partir de la compagnie des vivres de Savoie, Piémont (mais aussi Catalogne et Roussillon) durant les guerres de la Ligue d’Augsbourg puis de la Succession d’Espagne. Coût politique enfin : tandis que des administrateurs ou des notables s’exilent, d’autres restent sur place et devront assumer par la suite leur choix ou leurs prestations de serment. Il paraît difficile également d’apprécier la manière dont les populations ont vécu ce nouveau détachement de l’autorité ducale et ce rapprochement temporaire avec le royaume de France : cette occupation a-t-elle préparé les esprits, marqué la conscience collective, bref servi de jalon dans cette marche vers le rattachement qu’une certaine historiographie locale a toujours présenté comme inéluctable ? Lancinante question…
Commentaire(s)