Inscrite dans une réflexion sur les défis éthiques de l’aide humanitaire, ma recherche se centre en grande mesure sur les enjeux éthiques de la relation entre les agences humanitaires et les récipiendaires de l’aide : la relation humanitaire. Il s’agit d’une relation asymétrique, tissée par des rapports de pouvoir inscrits dans les différentes échelles du système humanitaire. Dans ce cadre, l’agentivité des récipiendaires, est souvent éclipsée par leur condition de vulnérabilité, mise en avant par une rhétorique de la compassion et du don.
Afin de rendre compte des problèmes qui découlent de ce type de rapport, il convient d’examiner la configuration des pôles en interaction, les différents niveaux de la relation humanitaire, les rationalités qu’elles incarnent, ainsi que les identités produites dans la pratique humanitaire. Pour ce faire, nous proposons d’explorer les éclairages que la notion d’institution est susceptible d’apporter en l’appliquant au monde humanitaire. En effet, la question de l’institutionnalisation de l’aide humanitaire peut se poser sous plusieurs perspectives qui se rejoignent :
(1) l’engagement des travailleurs humanitaires ;
(2) l’éthique humanitaire ;
(3) la reconnaissance des récipiendaires.