Par Jean-Pascal Simon & Anda Fournel, Laboratoire Lidilem, Université Grenoble Alpes
Il est courant que la philosophie soit envisagée avec une vision intellectuelle comme une activité centrée sur la compréhension de concepts abstraits. Cela prive l'exercice philosophique de la participation du corps et des sens. Si l'on rejette le dualisme corps-esprit, comme l'ont fait Dewey, Johnson, etc., alors nous pouvons considérer l'acte de penser à partir de nos propres expériences, le sujet pensant étant constamment engagé dans des interactions avec le monde et les autres.
La communication que nous présentons tente de voir si les pratiques du dialogue philosophique inspirées par une conception expérimentaliste de l'école et de la vie, ainsi que par la méthode d'enquête développée par Dewey, mettent en œuvre une cognition incarnée.
Pour le savoir, nous avons choisi une discussion comme étude de cas dont la question à débattre est « d'où viennent les pensées ? » Pour cela nous avons mobilisé le concept de schéma-image ou « schème-image » (Langacker, 1976 ; Talmy, 1983 ; Barbané, 2013), repris par Johnson (1987 : 29). L’analyse que nous présentons tente de voir si et quels schéma-image sont mobilisées par les participants de cette discussion et comment ils contribuent à une conceptualisation collective de la pensée.