La métaphore est un puissant outil cognitif permettant de penser les objets abstraits, relations, processus qui nous échappent. La théorie des métaphores conceptuelles (Lakoff & Johnson, 1980) en a même fait le fondement du système conceptuel grâce auquel nous pensons et agissons. Par la suite, des auteurs tels que Calbris (1990), McNeill (1992) ou Cienki & Müller (2008) ont montré que le processus métaphorique s’exprimait non seulement à travers la modalité verbale, mais également par le biais des modalités gestuelle ou verbo-gestuelle.
Son importance a bien été relevée dans des domaines comme le développement cognitif, l’acquisition du langage ou l’apprentissage, mais qu’en est-il de son fonctionnement et de son rôle dans le raisonnement collectif et le développement d’une pensée critique dialogique (désormais PCD), autrement dit une pensée qui doute, suspends le jugement, en examine les prémices et se transforme en intégrant d’autres points de vue et prémices (Daniel, 2007) ?
A la lumière du contexte de Philosophie Pour Enfants, véritable creuset de cette dernière, la thèse dont nous présenterons l’avancement vise précisément à répondre à ce questionnement.
A partir d’un corpus issu de 12 séances recueillies auprès d’élèves du début du secondaire (6e-5e), nous montrerons que les activités de discussions philosophiques donnent à voir des phénomènes originaux de co-construction de métaphores s’exprimant à travers des reprises aussi bien verbales que gestuelles ou verbo-gestuelles.
Nous présenterons la méthode mise au point en vue de rendre compte de la présence et du fonctionnement de ces phénomènes, ainsi que de leur rôle dans le raisonnement collectif et la PCD à l’œuvre lors des activités de discussions philosophiques. Nous présenterons ensuite les analyses qualitatives, de type micro-analyse, qui en découlent en prenant l’exemple de quelques séquences ciblées du corpus et en les illustrant par des extraits vidéo.
Nous inviterons le public à exprimer des avis critiques sur la démarche mise en œuvre.